ΧΏΡΟΣ (CHŒUR) : le son dans l’espace
du 15 au 26 octobre 2019

L’exposition ΧΏΡΟΣ (Chœur) : le son dans l’espace a été présentée du 15 au 26 octobre 2019 dans la salle d’exposition de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette. Le travail du Chœur à cette exposition a été multiple. La scénographie, l’installation, les documents exposés, le travail polyphonique, spatial et acoustique ont été réalisés en intégralité par le Chœur d’Hommes de La Villette. L’occasion, pour le Chœur, de présenter son travail et le fruit de ses réflexions menées pendant cinq ans.


Argument

De prime abord, ce que nous développons au sein du Chœur d’Hommes de La Villette n’est nullement théorique, mais avant tout pratique, et basé sur l’expérimentation. Le chœur est un outil, un instrument de musique collectif qui permet d’expérimenter l’espace par nos voix et par la position de nos corps. L’espace devient alors la caisse de résonance de cet instrument à cordes vocales. C’est en cela que l’objet de notre petite association est éminemment lié à des questions architecturales, et plus globalement à l’espace. χῶρος en grec signifie « espace » ; c’est un homonyme quasi-parfait du mot χορός, le groupe qui narre l’action dans la tradition du théâtre grec. Dans la langue française également, le chœur désigne tant le groupe (la chorale) que l’espace (le chœur de l’église, lieu central d’où l’on produit un son). Et c’est dans ce sens que nous avons présenté par cette exposition comment, depuis notre petite expérience de chœur d’architectes, nous arrivons à interroger le rapport entre l’espace et le temps, entre le temps et l’imaginaire.

À l’image de notre petite histoire, à l’image de l’histoire de notre école, c’est en expérimentant que nous avons voulu présenter le bilan de ces années. En cinq ans, nous avons pu mettre en pratique tant des espaces physiques (églises, places, théâtres, appartements, gymnases, jardins, etc.) que des espaces mentaux (à travers les thèmes que nous avons développés et où, dans le l’évolution d’un temps autre, l’église d’un petit village devient une mosquée à Istanbul, une tente berbère dans le Sahara ou le pont d’une barque de pêche craquant sous le vent du norois.) C’est cette gymnastique double qui permet de naviguer de l’instant à la pensée et de la pensée au lieu ; c’est elle qui permet d’être ici, mais en même temps ailleurs.


Scénographie

L’exposition prend place dans la salle d’exposition de l’ENSAPLV, composée de trois travées. Nous décidons de clore la travée centrale pour réaliser une nouvelle salle. La première travée, dans le sens de l’exposition, est une présentation du Chœur, de son travail autour des différents voyages musicaux et des personnes autour du Chœur sans qui l’action de l’association serait bien difficile. Puis, passant sous une canopée de partitions, nous arrivons dans la deuxième salle présentant les coupes des lieux étudiés, les schémas et les analyses acoustiques de ces lieux, ainsi que les sons qu’ils renvoient, un système de casque et de micros permettant de renvoyer les sons de la salle avec les propriétés acoustiques des lieux étudiés. Enfin, la troisième salle, au centre, et autour de laquelle on a tourné jusqu’à lors, est en réalité une boîte noire entièrement opaque dans laquelle des enceintes sont placées afin de retranscrire différentes positions de chanteurs autour du public, qui se retrouve dans le noir complet. Sortant de la salle d’exposition, l’atrium de l’école accueille une coupe de l’atrium lui-même et son analyse acoustique, invitant le visiteur à expérimenter par lui-même l’acoustique de ce lieu.


Camera Auditiva

Parmi nos cinq sens, celui que nous utilisons le plus est incontestablement la vue : voir permet d’appréhender un espace, de mesurer des distances, de calculer un temps grâce aux variations de lumières, c’est-à-dire de se situer. Lorsque l’on décide de mettre la vue au second plan des sens à la faveur de l’ouïe, la représentation de l’espace change alors. On passe de « là où l’on se trouve » à « là où l’on imagine se trouver ». Ce nouvel ordre d’utilisation des sens permet de développer un espace autre, différent de celui que l’on voit puisque basé sur l’écoute.

Le temps change également : il devient un moment ponctué d’interventions acoustiques. Un moment hors du temps tel que nous le considérons par la vue en temps normal ; un moment de transe qui plonge l’auditeur dans un espace aux limites poreuses ouvrant sur des mondes informels. C’est ce que nous avons voulu proposer dans une salle totalement obscure que nous avons nommée : Camera Auditiva. Quatre enceintes diffusent ainsi quatre dispositions spatiales des chanteurs autour du public. Privé de la vue, celui-ci se forge une représentation de l’espace uniquement basée sur les sources sonores retranscrivant les positions des chanteurs.

Maîtrise d’ouvrage :
École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette
CoPil C50 pour les cinquante ans de l’école
Directrice : Caroline Lecourtois. Présidente : Anne d’Orazio.

Commissariat :
Loïk Blanvillain, Théophile Busschaert, Baptiste Galabrou, Thibaut Martin, Thibault de Monval, Camille Villemin, Alexandre Wellers, pour le Chœur d’Hommes de La Villette.

Avec le concours de :
Pierre Barthomeuf, Florian Béchet, Jules Bertrand, Vagator Camus, Baptiste Chatenet, Hugo Demontis, Pauline Grzelka, Thibaut Judalet, Victor Kwihangana, Alizée Le Gall, Alexandre Leroux, Guillem Lopez, Emmanuel Mourier, Odo Paganelli, Laëtitia Sigogne, Clément Tafin.

Remerciements à :
Philippe Bourdier, Guillaume Billaux, Florencia Hornos, Bruno Petit.